La Tabaski au Sénégal : Une Fête Religieuse, Sociale et Culturelle

Le mouton de la tabaski

La Tabaski (ou Aïd el-Kébir) est l’une des fêtes les plus importantes du calendrier musulman, célébrée avec ferveur au Sénégal. Cette commémoration religieuse, qui marque la soumission du prophète Ibrahim (Abraham) à Dieu, est un moment de partage, de prière et de réjouissances. Au Sénégal, pays à majorité musulmane, la Tabaski revêt une dimension spirituelle, sociale et culturelle unique.

1. Origines et Signification Religieuse

Le prophète Ibrahim et son fils ismael

La Tabaski commémore l’acte de foi du prophète Ibrahim, qui accepta de sacrifier son fils Ismaël sur l’ordre de Dieu. Au dernier moment, un bélier fut substitué à l’enfant. En souvenir de cet événement, les musulmans sacrifient un mouton (ou une autre bête autorisée) le jour de l’Aïd.

Au Sénégal, cette fête est appelée Tabaski (terme d’origine wolof, inspiré de l’arabe Aïd al-Adha). Elle est célébrée le 10 du mois de Dhul Hijja, dernier mois du calendrier musulman, après le pèlerinage à La Mecque (Hajj).

2. Préparatifs de la Tabaski

Les préparatifs commencent plusieurs semaines avant la fête :

a) L’Achat du Mouton

- Les familles sénégalaises économisent souvent toute l’année pour acheter un mouton.

- Les marchés aux moutons (comme Pout ou Keur Massar à Dakar) deviennent très animés.

- Le choix de l’animal suit des critères religieux (âge, santé) et sociaux (taille, prestige).

Achat de mouton dans un des marchés de Dakar

b) Les Achats Vestimentaires

- La Tabaski est l’occasion de porter des habits neufs, souvent des boubous traditionnels ou des tenues modernes.

- Les femmes se parent de bijoux et de pagnes colorés.

c) Nettoyage et Décoration des Maisons

- Les familles nettoient leurs maisons et décorent les rues avec des nappes et des tapis.

3. Le Jour J : Cérémonial et Traditions

a) La Prière de l’Aïd

- Tôt le matin, les hommes se rendent à la mosquée ou dans de grands espaces aménagés pour la prière collective.

- L’imam prononce un sermon (khutba) rappelant les valeurs de partage et de piété.

b) Le Sacrifice du Mouton

Moment de sacrifice du mouton par le chef de la famille

- Après la prière, le sacrifice (dabbal) est effectué par le chef de famille ou un sacrificateur agréé.

- La viande est partagée en trois parts : famille, voisins/pauvres, et réservée pour les invités.

c) Les Repas Festifs

- Le plat principal est souvent le "yassa mouton" (viande marinée aux oignons) ou le "mouton grillé".

- Les familles échangent des plats avec leurs voisins, renforçant les liens sociaux.

d) Les Cadeaux et la Solidarité

- Les enfants reçoivent des étrennes ("ndeweunal" en wolof) sous forme d’argent.

- Les plus démunis reçoivent des dons de viande et de nourriture, conformément à l’esprit de partage.

4. Aspects Culturels et Sociaux

- Visites familiales : On rend visite à la famille élargie pour échanger des vœux.

- Musique et Danse : Des griots animent les fêtes avec des chants traditionnels.

- Médias et Télévision : Des émissions spéciales et des films sont diffusés pour l’occasion.

5. Défis et Évolutions Modernes

- Coût élevé : L’achat du mouton peut être un fardeau financier pour certaines familles.

- Sécurité : Les autorités renforcent la surveillance pour éviter les accidents liés aux couteaux ou aux mouvements de foule.

- Nouvelles Tendances : Certains optent pour des dons en argent à la place du mouton, ou achètent en groupe.

Conclusion

La Tabaski au Sénégal est bien plus qu’une fête religieuse : c’est un moment de cohésion sociale, de générosité et de perpétuation des traditions. Malgré les défis économiques, elle reste un pilier de la culture sénégalaise, célébrée avec foi et faste.

"Eid Mubarak" ou "Dewenati"(en wolof) à tous ceux qui fêtent cette occasion !